R Libérale-Conservatrice
L'ultralibéralisme, le nouveau point Godwin, Partie 2
L’un des premiers articles de ce site soutenait que l’ultralibéralisme était un point Godwin, que l’on sort pour discréditer un adversaire qui ose soutenir une mesure un tant soit peu libérale économiquement. Afin d’appuyer le propos de cet article, nous vous proposons un petit condensé de citations sur ce qui se cache réellement derrière l’appellation « ultralibéralisme ».
Tout d’abord, commençons par l’un des maîtres actuels du libéralisme en France, Pascal Salin, professeur émérite à l'université Paris-Dauphine, spécialiste de la théorie monétaire, de la théorie fiscale, et des finances publiques. Il a été président de la société du Mont-Pèlerin de 1994 à 1996, comme l’a été Friedrich Hayek (1947-1961) et Milton Friedman (1970-1972).
L’auteur de Libéralisme (2000) nous explique, dans ce livre, que l’emploi du terme « ultralibéralisme » relève de la manipulation. Cette méthode « consiste à présenter les libéraux comme des « ultra-libéraux », c'est-à-dire des extrémistes, en tant que tels dangereux. Et pour faire bonne mesure, on saute allègrement à l'identification entre libéralisme et fascisme. L'équation est simple : les libéraux sont à droite, par ailleurs ils sont extrémistes, ils sont donc à l'extrême droite, c'est-à-dire qu'ils sont fascistes. On comprend que les constructivistes de droite et de gauche aient intérêt à utiliser ces techniques d'amalgame, car ils sentent bien que les libéraux sont leurs seuls vrais opposants. »[1]
Il rajoute par la suite qu’il « suffit d'être un libéral autre qu'un utilitariste modéré pour se voir immédiatement taxé d' « ultra-libéralisme » par ceux qu'on devrait être tenté d'appeler les « ultra-social-démocrates » ou les « ultra-centristes » »[2]
Pour Philippe Manière, ancien directeur général du think tank Institut Montaigne, cette expression est typiquement française, du fait de la culture antilibérale qui empreigne la France, faisant passer le libéral pour un être horrible, dont la pensée est responsable de tous les malheurs.
« Le rejet du libéralisme est tel que l'expression même est aujourd'hui bannie du vocabulaire de l'honnête homme. On fustigera de préférence, dans la conversation, l' « ultralibéralisme », version fantasmatique d'une école de pensée qu'il est confortable de déconsidérer en l'affublant ainsi d'un préfixe infamant : d'un « ultra », on ne peut rien attendre de sérieux ni de positif. »[3]
Alain Wolfelspeger parlera même d’ « ultra-antilibéralisme » dans un article du même nom.
« On a affaire à une doctrine de combat inédite destinée spécifiquement à contrer l’hégémonie actuelle d’un prétendu « ultralibéralisme » et que l’on pourrait appeler, de manière parodique, l’ultra-antilibéralisme en raison de sa radicalité, de son contenu exclusivement critique et de l’état émotionnel fait de peur, voire d’épouvante, qu’elle vise à susciter. »[4]
C’est la conclusion de ce petit article qui vient compléter le premier. Les invocateurs de la carte magique « ultralibéral » sont des « ultra-antilibéraux » qui pour disqualifier cette pensée, lui accolent le qualificatif « ultra » afin de la discréditer et de la classer en tant qu’idéologie extrémiste. Car oui, pour certains, la liberté est extrême.
Pour terminer, citons Barry Goldwater, candidat du Parti Républicain vaincu contre Lyndon Johnson à la présidentielle de 1964 aux Etats-Unis, qui malgré sa défaite a permis le renouveau des idées libérales dans le camp conservateur américain. C’est une réponse directe à ceux qui qualifient les libéraux d’extrémistes en y accolant le qualificatif « ultra » : « L'extrémisme dans la défense de la liberté n'est pas un vice ; la modération dans la poursuite de la justice n'est pas une vertu ».
Aymeric Belaud
Fondateur Renaissance Libérale-Conservatrice
Contributeur IREF
Notes : [1] Libéralisme, Pascal Salin, éd. Odile Jacob, 2000, chap. 1, p. 26 [2] Idem [3] L'aveuglement français, Philippe Manière, éd. Stock, 1998, p. 24 [4] « L'ultra-antilibéralisme », Alain Wolfelspeger, Commentaire, Hiver 2006, p. 910