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Les mensonges de la décroissance écologique
Les mouvements écologistes[1] sont apparus à la suite des événements de mai 68. Ces mouvements majoritairement venus des États-Unis ont réussi, en quelques décennies, à faire mûrir leurs idées de décroissance démographique et économique dans le champs politique.
La décroissance comme réponse à l’effondrement
La décroissance est ce concept né dans les années 70 avec Nicholas Georgescu-Roegen et son œuvre The Entropy Law and the Economic Process. Le club de Rome a ensuite permis à travers différents travaux de mettre en avant ce terme de décroissance. Ce principe se base sur le fait que les ressources de la Terre sont limitées et que chaque extraction de ressource réduit un peu plus la durée de vie de l’humanité tout en pensant que la croissance démographique et économique est impossible et vouée à court terme à la fin de l’Homme.
La décroissance a fait naître dans le temps des principes qui lui ont permis de se créer une base d’adeptes solide. La collapsologie est un de ces mouvements arrivé à la suite de ces rapports. Parmi les thèses ardemment défendues par ce courant de pensée, la crise démographique. D’après les têtes pensantes de ces mouvements, à l’orée des années 2000 la population sur Terre aura atteint un point de non-retour.
Dans le rapport Meadows publié en 1972, le club de Rome a donc suivi un scénario proposé par le MIT à travers un modèle simulé nommé World3.

Comme nous pouvons le voir avec le graphique, la simulation anticipe une baisse des variables économiques et démographiques à l’approche des années 2030 pour finir avec un réel effondrement pour les années 2050. Déjà à l’époque cette théorie scinde les rangs des écologistes et désormais il est reconnu pour s’être trompé sur la majorité des points évoqués. Il est notamment connu pour avoir prédit la fin des minerais rares et des énergies à l’approche des années 2000. Il est évident que tout ceci n’a jamais eu lieu et que cette hypothèse a pu très rapidement se faire contredire tout en permettant en réalité de faire progresser la recherche et par conséquent de découvrir de nouvelles sources d’énergies. Il est à noter que dans tous les scénarios étudiés, l’effondrement aura lieu dans tous les cas. Si l’on se fie à cette simulation il est évident que l’effondrement est proche et que l’humanité court alors à sa perte. Dans les faits la nuance n’est pas des moindres.
Les dernières prévisions démographiques prévoient en effet une chute de la population mondiale après un épisode de stagnation anticipé pour les années 2050, cependant d’autres variables sont à prendre en compte comme le taux de mortalité.

Figure 1 - Prévision de la population mondiale

Figure 2 - Prévision de l'espérance de vie

Figure 3 - Prévision du taux de mortalité
A la vue des courbes le résultat est sans appel, l’effondrement n’est pas prévu. En effet, très loin d’une chute abrupte de la population mondiale et d’une augmentation soudaine de la mortalité entrainée par une baisse de l’espérance de vie, la tendance semble même contraire. En ce qui concerne la population, la décrue n’est plus actée pour 2050, la grande chute démographique actée serait vraisemblablement plutôt un ralentissement de l’augmentation massive commencée post-seconde guerre mondiale. En ce qui concerne les autres variables démographiques, voyons simplement l’évolution du taux de mortalité : il évolue et même augmente passant de 7,5 % à 11 % en 2100. Symbole de morts en masse ? La réponse semble bien plus proportionnée. Comme nous l’avons vu la population sera grandissante alors il est totalement logique qu’en parallèle de cette augmentation les morts augmentent, dans un scénario inverse nous pourrions parler d’effondrement. L’espérance de vie n’échappe pas à ce constat. Il existe une tendance à la stagnation dans le futur mais nous restons loin de la cassure annoncée par World3 et le club de Rome.
En ce qui concerne les ressources qui sont les raisons mêmes de l’effondrement annoncés, il est d’une grande facilité de savoir que leur fin programmée ne l’est en réalité que dans plusieurs siècles[2] (entre 300 et 400 ans pour les minerais que nous utilisons le plus). Nous sommes encore loin de ce qui a été prévu par le rapport Meadows en annonçant une fin des ressources et matériaux rares pour le début des années 2000. En apparence la fin des ressources aussi tôt dans le temps aurait pu être possible. Cependant, la simulation a négligé la capacité de nos sociétés à se surpasser et à trouver des alternatives de production face à une difficulté. Prenons l’exemple du pétrole et de la découverte du pétrole de Schiste. Devant les difficultés annoncées et la possible fin des moyens de production connus de l’époque, il a fallu se réinventer et c’est ce qui a été fait et qui a permis l’augmentation des ressources disponibles et l’augmentation des prévisions de stocks de ces mêmes ressources.
Comme tout courant de pensée voulant toucher les personnes de manière brutale et rapide, le sentiment qui est recherché ici est celui de la peur. Pour répondre à cette demande de solution devant la crise environnementale, les écologistes proposent la décroissance, leur principe clé. Ce principe voulant que la croissance s’arrête afin d’opérer un retour à la nature et au respect primaire de la planète dite Gaïa.
La décroissance imposée contre la logique
"le but de la politique est de garder la population inquiète et donc en demande d'être mise en sécurité, en la menaçant d'une série ininterrompue de monstres, tous étant imaginaires".
Henry-Louis Mencken
Cette maxime représente parfaitement la stratégie du mouvement écologiste face à ce futur prédit. En faisant croire à la fin de l’humain et des sociétés comme nous le connaissons, les écologistes se sont créés une base de soutiens inconditionnels dans la crainte d’une chute humaine transformant le monde à tout jamais. Avec cette vision catastrophiste, toute idée aussi extrême puisse-t-elle être serait tolérée car jugée nécessaire pour le bien commun. En France les victoires écologistes sont nombreuses avec dernièrement la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ou la proposition d’inscription de l’environnement dans la constitution par référendum proposé par Emmanuel Macron. Passons rapidement sur cette dernière. L’environnement est déjà présent dans le préambule de la constitution française et possède donc déjà une valeur légale plus que suffisante. L’intérêt de ce référendum pourrait donc être plus politique et communicatif plutôt que guidé par une réelle envie de changement afin de montrer que le gouvernement entend les appels des mouvements jeunes pour le climat. La fermeture de Fessenheim, elle, passe moins inaperçue et ne doit pas être prise comme anodine. En effet, cette centrale produisait à elle seule 2,2 % (11,9 TWh en 2018[3]) de la production électrique de la métropole ce qui est loin d’être dérisoire (Il faudrait 3 000 éoliennes pour remplacer la production de la centrale). Si au début cette fermeture pouvait s’expliquer à travers la mise en service de l’EPR de Flamanville (La fermeture de Fessenheim était conditionnée au seul fait de la mise en service rapide de l’EPR de Flamanville. Cependant, après les retards pris et les pressions de certains lobbys, cette condition sauta.), elle paraît inconvenante lorsqu’elle survient avant même que l’EPR soit mis en service tout en mettant en péril l’acheminement de l’électricité vers les français.

Figure 4 - Production d’énergie primaire par énergie

Figure 5 - Production nette d'électricité
Il est facile de se rendre compte avec ce graphique de l’importance que le nucléaire revêt dans la production de l'énergie française au cours des années. Alors la seule question qui doit se poser est comment pouvons-nous faire pour assurer une souveraineté énergétique si l’on arrête cette source de production ? La réponse est que si ce n’est pas impossible, cela paraît très compliqué à l’heure actuelle. Les énergies renouvelables ne pourront jamais apporter une source d’énergie aussi conséquente que le nucléaire est capable de créer avec aussi peu de moyens et surtout d’espace. Mais alors pourquoi lutter contre une énergie qui nous permet de vivre ? Lorsque la question des dangers se pose il est possible de donner des arguments rassurants. En réalité le nucléaire est loin d’être le danger mortifère que l’on voudrait lui prêter. Les exemples de Fukushima et de Tchernobyl sont les étendards de la lutte écologiste contre le nucléaire. Il serait pourtant bon de remettre dans leurs contextes ces catastrophes. Tchernobyl était une centrale gérée par une URSS peu soucieuse de la qualité d’exploitation de la centrale. Le cas Fukushima est le fait d’une vague de 15 mètres qui a endommagé un réacteur de la centrale. Si l’on transpose ces cas sur la France, des tests rigoureux sont effectués à longueur de temps sur les réacteurs. Il est aussi difficile d’imaginer une vague de 15 mètres sur les littoraux atlantique, de la Manche ou méditerranéen [4]. Au sujet de la pollution que l’on voudrait prêter à l’énergie nucléaire, elle est en fait l’énergie qui renvoie le moins de CO2. Le rejet de GES (Gaz à Effet de Serre) des centrales est en réalité inférieur à 12g CO2/kWh[5] alors qu’une centrale à charbon en produit 1 000 gCO2/kWh[6] . Alors peu d’arguments négatifs restent contre le nucléaire. Peut-être parlera-t-on des méthodes de d’enfouissement des déchets qui sont contrôlées comme peu de choses le sont à ce point. L’atome apparaît donc comme le seul moyen de production énergétique de masse pour la France si nous ne voulons pas revenir à des énergies produites par le charbon ou augmenter l’usage de l’énergie pétrolière.
Pourtant, malgré les éléments factuels, le nucléaire est encore grandement décrié par les mouvements écologistes qui ont fait de la lutte contre le nucléaire une partie essentielle de leurs combats. C’est à cause de cela qu’en 2019, 69 % des français pensaient que le nucléaire contribue au dérèglement climatique. De plus, 56 % pensent que le nucléaire est un danger avec des risques d’accident et 34 % pensent que le nucléaire est un handicap pour le pays [7]. En règle générale en France, seulement 9,3 % des français portent une opinion favorable sur l’énergie nucléaire et le risque d’accident représente un argument fort contre le nucléaire pour 46,2 % de la population[8].

Figure 6 - « Parmi les événements catastrophiques suivants, quel est celui qui vous a le plus marqué ? » source : IRSN
Ici il est question de savoir quel type d’évènement à le plus touché les français et le résultat est sans appel, ce sont les catastrophes nucléaires qui ont le plus d’impacts psychologiques. Largement devant toutes les autres préoccupations face à des catastrophes comme des tremblements de Terre ou bien même des tempêtes. On voit donc que la population est beaucoup plus sensible aux enjeux nucléaires que tout autre enjeu de sécurité face à des catastrophes naturelles.
Face à ces chiffres il est évident de constater l’évangélisation de la population à la cause du nucléaire. Et même pire, des mouvements anti-nucléaire poussent au lobbying pour la fin de l’exploitation de l’atome afin de devenir un pays totalement producteur d’énergies renouvelables tout en n'ayant pas à importer de l’électricité produite grâce au charbon allemand.
Le principe de précaution est l’image même de l’écologisme politique. Ce principe ayant pour vocation d’anticiper des risques environnementaux en prenant des décisions allant jusqu’à l’interdiction[9] alors même que nous n’avons aucune certitude scientifique ou même économique sur un possible danger d’un bien, d’un service ou d’une loi. Depuis 2005 ce droit est inscrit dans la Constitution à travers la loi Barnier après que des associations écologistes aient demandé son entrée dans le droit interne alors qu’il n’existait encore à l’époque seulement grâce au sommet de Rio de 1992. Ce principe de précaution très souvent utilisé serait un des plus gros cafouillages juridiques de nos sociétés modernes habituées aux avancées technologiques et scientifiques. Depuis l’arrivée du principe de précaution il est d’ailleurs à noter que le prix de développement d’un médicament a triplé (passant de 300 millions de dollars à 900[10]). Avec cet argument juridique, il est désormais possible de rendre plus complexe n’importe quelle avancée et de contrôler tout produit et toute recherche en prétextant un potentiel danger pour la planète (ou pour l’homme) qui donnerait la possibilité de mettre un coup d’arrêt à ce produit ou cette recherche sans avoir à fournir de preuve concrète de ce potentiel danger. Le glyphosate est l’exemple parfait de victime du principe de précaution écologique. Mis en lumière car il était le terrain de lutte de deux lobbies, d’un côté les écologistes et de l’autre Monsanto. Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde. Les écologistes allemands avaient réussi à faire changer d’avis leur gouvernement pendant qu’en France le vote devait avoir lieu peu de temps après. Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a défini le glyphosate comme cancérigène dit « probable », ce terme pourrait faire peur au premier regard mais il faut se dire que la consommation de viande rouge, le poisson salé et les légumes marinés sont classés en cancérigènes certains par le CIRC[11]. Ici aussi il semble compliqué de comprendre pourquoi le glyphosate devrait être victime du principe de précaution ? Monsanto étant une organisation internationale et puissante, elle fait partie de la typologie d’entreprises que les lobbies écologistes ciblent, ceci peut alors expliquer pourquoi cette intense lutte a lieu depuis de nombreuses années.
La croissance, seule échappatoire à une crise environnementale
Dans nos sociétés qui n’ont connu que la recherche de croissance il est impossible d’imaginer rationnellement ce que pourrait être un monde décroissant. Cependant, des indicateurs économiques et politiques permettent de démontrer très facilement les limites de la pensée décroissante. Tout d’abord le rapport pauvreté / prise en compte des impacts environnementaux. Il est évident de se dire que les pays encore en voie de développement ou même n’ayant pas commencé cette transition ne soit pas aussi préoccupés par les enjeux environnementaux que les pays développés. L’exemple parfait de cette transition vers la prise en compte de ces enjeux est celle de la Chine. Le pays, toujours premier pollueur mondial, n’avait pas pris en compte la pollution et la destruction de son environnement à travers sa politique interne. Dès lors que la Chine s’est retrouvée propulsé dans le haut des pays puissants elle a pu mettre en place des politiques drastiques de lutte contre la pollution. C’est dans ce sens qu’en 2013 le gouvernement décide d’un plan de lutte contre la pollution atmosphérique d’une hauteur de 277 milliards afin de réduire de 25 % les émissions carbones 5 ans plus tard. En plus de cela la Chine met en place une mesure jamais vue depuis des décennies dans ce pays où les opinions sont bouclées. En 2014, le parti communiste chinois donne plus de liberté aux ONG de protection de l’environnement afin de les aider à lutter contre ce fléau. Ici, sans le développement économique du pays, il n’aurait jamais été possible de lutter contre la pollution car la Chine serait encore en recherche d’une croissance à deux chiffres constante. L’Inde sera l’autre cas étudié car ce pays est encore en voie de développement. En effet, l’Inde et l’environnement est un sujet complexe. Bien que la culture indienne soit en grande partie tournée vers la nature, cela n’empêche pas le pays d’être une catastrophe environnementale. 13 villes indiennes font partie des 20 villes les plus polluées au monde (certaines études estiment qu’il est aussi dangereux de respirer l’air des villes en Inde que de fumer[12]) et le pays est le 3ème plus gros émetteur de gaz à effet de serre. Toutefois, l’Inde n’a pas atteint son stade de pleine croissance et le pays reste assez pauvre. Cette différence permet de distinguer les écarts dans les processus chinois et indiens. L’Inde n’a pas encore mis en place une réelle politique environnementale tout simplement car elle n’est pas sa priorité. Il est donc fort à parier que l’Inde pourra prendre en compte les défis environnementaux lorsque sa croissance sera arrivée à un niveau acceptable et que la population pourra faire des sacrifices dans le but d’améliorer la situation écologique du pays.

Figure 7 - Pollution de l'air dans le monde
Cette carte expose parfaitement ces problématiques. Les pays où la pollution de l’air est la plus forte sont en extrême majorité des pays en voie de développement ou sous-développés. Est-il donc rationnel de demander à des pays qui ne sont déjà pas développés de stopper leur croissance future alors les pays développés vivent dans un confort que nous ne sommes pas prêts à quitter même si l’effondrement a lieu. Il est donc évident que la croissance est le vecteur de toute progression en matière d’écologie car sans cette croissance toutes les initiatives dont la nature bénéficierait le plus - les exemples ne manquent pas avec les voitures électriques et à hydrogène mais aussi tous les programmes de recyclage déjà mis en place auparavant – ne pourraient voir le jour.
Pour finir, nous avons vu précédemment que la population ne sera pas en croissance infinie et que sa stagnation est d’ores et déjà prévue. Il n’y aura donc évidemment pas une population infinie à nourrir à la moitié du siècle et la décroissance ne pourra pas avoir lieu car elle ne répond pas aux besoins des pays en voie de développement. Il faudra alors à terme réussir à concilier les notions de croissance, d’environnement et d’humain afin de pouvoir permettre au monde d’évoluer tout en prenant en compte les enjeux modernes qui continueront de façonner un monde de demain viable.
Hugo Spring-Ragain
Membre du Bureau de Renaissance Libérale-Conservatrice
[1] Les écologistes représentent un mouvement de pensée idéologique et non une science. Il est totalement possible d’être intéressé et préoccupé par les crises environnementales sans sombrer dans l’écologisme. Bruno Durieux sépare les écologistes des environnementalistes
[2] The Upside of Down, Thomas Homer-Dixon, 2006 [3] https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/centrale-nucleaire-de-fessenheim [4]http://www.planseisme.fr/IMG/pdf/Rapport_BRGM_Tsunami_Mediterranee_Synthese.pdf [5] https://www.sfen.org/rgn/confusion-chiffres-emissions-co2-nucleaire [6]https://www.sfen.org/energie-nucleaire/filiere-responsable/nucleaire-environnement [7] https://www.bva-group.com/sondages/francais-nucleaire-sondage-bva-orano/ [8] https://www.irsn.fr/FR/IRSN/Publications/barometre/Documents/IRSN_Barometre_2020-analyse.pdf [9] Pour le cas de certains OGM. [10] https://www.lesechos.fr/2008/01/les-nouveaux-medicaments-plus-rares-sur-le-marche-477495 - Philippe Guy - Boston Consulting Group [11] https://www.cancer-environnement.fr/479-Classification-par-localisations-cancereuses.ce.aspx [12] https://www.businessfrance.fr/Inde-defis-environnementaux#